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 The man with the child in his eyes (R.)

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Nellie Sundberg
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Nellie Sundberg


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MessageSujet: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyVen 11 Déc - 1:54

« Avant tout, » dit-elle en se postant au milieu du salon, avec un gestuel étrangement solennel, « je tiens à te dire que quand je l'ai vu, j'ai su que c'était lui. Il est tellement... » Nellie mordilla légèrement ses lèvres « parfait. Beau, doux, majes - »
« Nellie, j'ai vraiment pas envie d'entendre la description de ton nouveau petit cop - ». Elle s'arrêta immédiatement, Nellie venait de s'écarter pour laisser place à « Un rideau ? Tu m'as fait venir ici pour un... rideau ? »
« Je voulais ton avis ! »
« Mon avis est qu'il me dit vaguement quelque chose. » Evy s'approcha de la table du salon où ledit rideau commençait à s'impatienter et se retourna avec horreur. « Non ! Me dis pas que tu l'as volé à l'hôtel! »
« Siiiiii ! » rétorqua aussitôt Nellie, en sautillant sur place. 12 ans d'âge mental. Tout au plus.
« Mais t'es complètement malade ! »
« Roh, sois pas rabat-joie. Je leur rendrai un jour. »
« C'est du vol ! » s'insurgea Evy, à juste titre.
« Non, j'ai vérifié dans le dictionnaire. Ça se rapproche plutôt du mot 'emprunt'. »
« Je m'en vais, il est hors de question que je reste une minute de plus dans cette maison de fou. Je veux pas être complice de tout ton bordel moi. »
« Avant de partir, dis-moi, tu penses quoi de la tringle, elle est bien fix - »

La porte claqua et Nellie comprit qu'elle devrait se dépatouiller de toutes ses considérations seule. Elle avait toujours adoré la décoration, du moins, la partie théorique, celle où l'on fait les magasins, où l'on choisit les textures, les couleurs, le côté pratique en revanche, beaucoup moins : d'une part parce qu'elle ne comprenait jamais rien aux explications fournies par les notices – cette incompétence étant probablement liée au fait qu'elle préfère colorier les dessins plutôt qu'en saisir le sens –, d'autre part parce qu'elle avait non pas une mais deux mains gauches et que lui confier une perceuse revenait à glisser un piranha dans une piscine municipale. C'était tout bonnement suicidaire. Consciente des risques qu'elle pouvait faire encourir à ses voisins, Nellie avait donc fait venir Simon, le MacGyver de la ville – si si, regardez sa coupe de cheveux, c'est la même ! –, qui avait été étonné au premier abord de trouver le marteau sur la chaîne-hifi – « Bah quoi, je trouve ça plus esthétique qu'un micro » s'était-elle défendue, provoquant ainsi le premier d'une longue série de fous rires – mais qui ne s'en était pas formalisé pour autant. Le propriétaire du Rosebud's Hardware s'était fait aux extravagances de la demoiselle depuis bien longtemps maintenant, extravagances qui d'ailleurs ne l'avaient jamais dérangé, juste quelque peu décontenancé de temps à autre, et lui avait donc expliqué les rudiments du bricolage en faisant totalement abstraction de ces bizarreries, afin qu'elle puisse installer la tringle seule, comme une grande.

Là résidait d'ailleurs l'un des plus grands paradoxes de sa personnalité. Tantôt femme, tantôt enfant, Sundberg pouvait faire preuve d'une maturité sans borne tout comme agir comme une gamine de 12 ans. Il y avait chez elle cette fraicheur, cette candeur absolue, insouciante, mais aussi – paradoxalement – ce sérieux, cette conscience redoutable, tout aussi aiguisée que rusée, de sorte que tout dans sa vie semblait être une entière contradiction : elle restait de marbre face au plus effrayant des dangers mais était la première à pleurer devant Rox et Rouky, la première – aussi – à mourir de rire devant un épisode des Simpsons, elle pouvait militer activement pour défendre certaines causes mais se voyait en revanche dans l'incapacité totale d'envisager la moindre séparation avec son doudou (ce dernier travers ayant soit dit en passant provoqué plus d'une de ses ruptures sentimentales ; elle n'a jamais compris pourquoi), ainsi de suite. Son regard chocolaté s'attarda longuement sur son chef d'œuvre – entendez par là, la tringle – et vint fièrement finir sa course sur le rideau. Elle s'en empara, poussa le premier tabouret qui lui tomba sous la main jusqu'à la fenêtre du salon et grimpa dessus avec un certain enthousiasme. Quand le rideau serait mis en place, elle n'aurait plus à supporter les regards indiscrets des passants. C'est ça, l'inconvénient d'habiter Main Street. Et alors qu'elle s'appliquait à faire passer les anneaux dans la tringle, un à un, quelqu'un toqua à la porte.


« C'est ouvert » lança t-elle tout en continuant son tsouin tsouin, s'attendant (avec une quasi-certitude) à voir réapparaître le visage d'Evy. Silence radio. « C'est ouvert ! » répéta t-elle en haussant le ton, le regard toujours absorbé par le rideau mais désormais quelque peu interrogateur. Ainsi postée, elle ne pouvait pas voir la porte de manière très nette, puisque celle-ci se situait tout à sa droite, mais elle pouvait quand même percevoir – du moins, plus ou moins – les mouvements. La porte s'ouvrit brusquement mais aucune silhouette ne donna signe de vie. « Mais entre Evy, je vais pas te - » Elle étouffa sa surprise. Il était là. Elle s'était retournée, complètement, et, il était là. Elle faillit perdre l'équilibre mais se rattrapa de justesse – note pour elle-même : pensez à remercier sa main, salvatrice, pour le coup – à la tringle. Le corps désormais complètement figé, voire tétanisé, il lui sembla que tout en elle venait subitement d'arrêter de fonctionner, excepté son coeur qui lui retrouvait étrangement une certaine vitalité. Elle crut d'abord à un mirage, aussi irréel que fantasmagorique, puis dut se rendre à l'évidence. Celui qui la hantait plus qu'un fantôme dans une maison, celui qui la tourmentait plus qu'un problème dans un cerveau se trouvait bel et bien sur le seuil de sa porte.

Elle descendit du tabouret, fébrile, et se rapprocha, comme si elle était myope, comme si la proximité seule pouvait lui certifier que c'était bien lui et pas une des nombreuses fabulations de son esprit. Mais dès qu'elle fut à moins d'un mètre, il recula. Elle comprit aussitôt, presque instinctivement, qu'il ne voulait pas qu'elle l'invite à entrer. C'était prévisible. Mais avec Nellie, autant parler à l'oreille d'un sourd.
« Je t'en prie, entre. » Elle se retourna aussitôt et tripota nerveusement ses mains. Lui, ici. Non vraiment, il lui faudrait 3 ans de thérapie pour s'en remettre. Et beaucoup d'alcool pour oublier. Elle ne voulait/pourrait pas revivre ses cinq ans de vide. Son regard croisa celui de l'horloge qui trônait dans la pièce principale, lui rappelant par la même occasion que chaque seconde qui passait l'éloignait un peu plus d'elle. Leurs contacts étaient si éphémères qu'elle ne pouvait que désespérer devant ce sablier imaginaire dans lequel elle avait l'impression de voir non pas du sable mais son propre sang s'écouler. Son absence l'avait tellement écorché qu'elle en avait fait une hémorragie interne. Il fallait qu'elle parle, qu'elle dise quelque chose, même d'affreusement banal, qu'elle le retienne, le plus longtemps possible, pourquoi pas toute une vie ? Mais que dire à un étranger dont on ne sait rien, absolument rien, mais dont tout, absolument tout, vous attire ? Irrémédiablement, inéluctablement. Comme un aimant.
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyDim 13 Déc - 22:42

    L'argent changea de main et un sourire passablement énervant fendit le visage de l'homme à la casquette qui prit un malin plaisir à recompter chaque billet avec une lenteur toute calculée. Une lueur vient éclairer ses yeux lorsqu'il rangea la liasse dans une des poches intérieures de sa veste mité, il salua son client d'un geste qui se voulait vaguement militaire avant d'ajouter les politesses d'usage :
    « Ce fut un plaisir de travailler avec vous.
    - Un plaisir non partagé. » La remarque parut exagérément plaire au détective qui arborait maintenant un air satisfait. Il chercha un instant dans son attaché-case pour en sortir une carte de visite qu'il tendit à son client.
    « N'hésitez pas à me recommander à ceux de votre espèce, travailler pour des vampires n'est absolument pas un problème pour moi.
    - Ça le sera peut-être pour eux.
    - Hum... Peut-être, quoi qu'il en soit, faites passer le mot, ils choisiront. » Un soupir las passa les lèvres d'Uriel, une partie de lui rêvait de se jeter sur ce détective à moustaches pour lui faire ravaler sa suffisance et pourquoi pas sa casquette aussi tant qu'il y était. À la place de quoi il se retourna et s'éloigna d'un pas mesuré pendant que l'homme ventripotent continuait à essayer de lui prouver que les vampires avaient besoin de ses services.

    Voilà - entre autres raisons - pourquoi il n'approuvait pas la décision du parti de dévoiler leur existence au monde. Autrefois objet de légendes et de fantasmes, les vampires étaient maintenant devenus d'une banalité bien triste. Quiconque voulait en apercevoir un pouvait se rendre dans un de ces bars à la mode comme dans un zoo, mettant en avant une jugulaire gonflée pour les voir faire quelques tours. N'importe quelle adolescente romantique se faisait le jouet de l'un ou de l'autre en espérant un amour qui ne venait jamais. Tout le monde voulait en voir un, en toucher un, travailler pour eux ou les tuer. Lorsqu'elle n'était qu'un doute au fond des esprits ou un sujet de dérision, la communauté vampirique se portait bien mieux, à vouloir se mélanger ainsi, elle y perdait bien plus que ce qu'elle gagnait.
    Uriel en l'occurrence, ne supportait plus les regards qui se posaient sur lui et qui comprenaient en une fraction de seconde qu'il n'était pas humain, que ce soit par son teint beaucoup trop blanc ou encore par le fait qu'il s'obstine à porter un manteau alors que la plupart des autochtones ne portaient que des débardeurs avec auréoles de transpiration intégrées. Il détestait la Louisane, sa moiteur, le créole qu'il ne comprenait pas, ces journées longues et ces nuits ou le commun des mortels profite d'une température plus agréable. Dans les états du nord et particulièrement dans les grandes villes, il était bien plus facile de passer inaperçu, tout le monde se fichant royalement de son voisin.

    Agacé, il finit par se soustraire à la vue de tous en passant par de petites ruelles sombres pour rentrer chez lui. Il n'échappa pourtant pas au regard réprobateur de sa voisine - une femme d'une soixantaine d'année dont la principale passion était de colporter tous les ragots de la ville à ses amies - qui s'empressa de quitter son rocking-chair et en oublia même sa cigarette tant elle s'engouffra vite à l'intérieur de sa maison. Cette idiote avait accroché un crucifix à sa porte et même cloué ses fenêtres lorsqu'elle avait apprit qui allait être son voisin.
    Faisant abstraction de l'envie soudaine de lui briser la colonne vertébrale et de la fureur qui le submergea, il entreprit de se servir un verre de sang de boeuf et s'installa à son bureau, seul meuble de la pièce. Il ne lui fallut qu'une dizaine de secondes pour examiner en détails le rapport du détective, les preuves qu'il avait réunies, ajouté aux soupçons qu'avait déjà Uriel, ne laissèrent plus de place au doute. Elle était en danger, mais ce qui l'attendait là était bien plus vicieux que tout ce qu'elle avait déjà connue.
    Il ressortit en trombe, non sans avoir laissé son manteau sur le dossier de sa chaise.

    C'est en courant qu'il arriva chez elle et ce n'est qu'une fois devant sa porte qu'il se rendit compte de ce qu'il s'apprêtait à faire. Entrer en contact avec elle, lui parler, la voir réellement sans l'espionner derrière une fenêtre embuée ou de l'autre côté de la rue. Cinq ans qu'il avait prit ses distances, toujours dans son ombre, mais si discret qu'elle ne le remarquait jamais. Sa mâchoire se contracta et son poing s'écarta de la porte. Il avait fait ce geste avec tellement de naturel qu'il se maudit de ne pas savoir prendre plus de recul. Il descendait les marches du porche avec l'intention de lui transmettre ses mises en garde par écrit quand des bruits de talons lui parvinrent quelques secondes avant que la poignée de la porte ne tourne. Il ne lui en fallut pas plus pour se dissimuler sur le côté de la maison, la jeune femme qui en sortit était couverte de deux odeurs bien distincte, celle de Nellie d'un côté, sucrée et fraiche et celle d'un autre être qu'il avait bien connu à une époque et dont l'odeur était restée gravé dans son esprit. Apparemment cette femme était aussi de celles qui se donnent aux vampires. Il la traita intérieurement de noms qui feraient rougir un routier ivre, mais attendit patiemment qu'elle se soit éloignée pour reprendre sa place initiale, devant la porte de la maison, se dandinant d'un pied sur l'autre. L'odeur que portait cette jeune femme n'avait fait que rajouter à anxiété d'Uriel qui, ne connaissant que trop bien Nellie, se disait maintenant qu'elle ne pourrait que prendre une éventuelle lettre à la légère.

    Alors, il frappa trois coups clairs et presque aussitôt une voix familière l'informa que la porte n'était pas fermée à clef, information qui ne l'avança pas beaucoup. Il eut envie de lui dire de venir, qu'il devait lui parler, mais aucun son ne sortit de sa gorge et il se rendit compte qu'il ne respirait même plus. Il ouvrit la porte d'une simple pression sur la poignée et il la vit, juché sur un tabouret. La scène aurait pu tout avoir de celle de retrouvailles larmoyante, mais Uriel était incroyablement tendu, la mâchoires contractée, les mains croisées dans le dos, le regard méfiant. Elle s'approcha de lui comme on s'approche d'un animal sauvage, doucement, en silence, de peur de le voir s'évanouir dans la nature. Elle était trop près maintenant, il recula d'un bon pas, il ne voulait pas de cette proximité qu'il savait destructrice et qu'elle désirait sûrement.
    Elle n'eut pas l'air surprise de son recul et en réponse ne trouva rien de mieux que de l'inviter à entrer. Par contre, ce n'était pas quelque chose qu'il avait prévu et le trouble s'insinua en lui, serpentant dans son estomac, presque douloureux.
    Il aurait voulu la tuer.
    « Non, je ne reste pas. Je viens simplement te parler d'un homme que tu fréquentes depuis un moment et que tu ne devrais plus voir. Il y a des choses que tu ne sais pas à son sujet, des choses qui devraient te convaincre de couper les ponts avec lui. » Il prit une grande inspiration « Dorian Pavlosky, je pense que ce nom doit te dire quelque chose. »


Dernière édition par Uriel Samson le Mar 22 Déc - 22:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyMar 22 Déc - 0:17

Sa réplique eut un effet immédiat, radical, semblable à celui d'une guillotine sur le pouvoir royal : en une fraction de secondes, elle sentit sa tête se dérober, s'arracher à sa propre condition et crut même la voir valser sur le sol désabusé. Ses mains cessèrent aussitôt de se taquiner, désormais aux aguets, comme si instinctivement elles se préparaient à une collecte de larmes ou, en tout cas, à devenir sous peu les actrices principales d'un acte démesuré, inopiné, dont Nellie seule avait le secret – la demoiselle étant capable du pire comme du meilleur. Mais étrangement, Sundberg n'esquissa pas l'ombre d'un geste. Elle baissa simplement la tête, plus contrariée que déçue, étrangement, vivant somme toute ce refus comme une enfant capricieuse à qui l'on ose dire 'non' et qui, évidemment, ne l'entend pas de cette oreille. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, jamais personne ne lui avait refusé quoi que ce soit : il lui suffisait d'un sourire pour les plus dociles, de quelques arguments pour les plus raisonnables ou, dans les cas les plus extrêmes, d'avoir recours à son pouvoir et le tour était joué. Uriel – et plus généralement les vampires – lui posaient donc un sérieux problème. En leur présence, elle découvrait les joies sinistres de la frustration. Et si son côté femme s'en trouvait rassuré, dégotant dans ces relations la seule part de vérité vraie, pure, car dénuée de toute manipulation, son côté enfant, lui, en revanche, en pâtissait considérablement. Plus qu'un refus c'était un rejet.

Il était le père qu'elle n'avait jamais eu. La bulle de présence comblant le vide affectif de son enfance. Chacune de ses interventions la rappelaient à l'ordre. Il n'avait pas besoin de parler ni même de la secouer pour la raisonner, un regard et elle obéissait. Du moins, pour quelques jours. Et s'il n'avait été que ça, l'ombre d'un père, alors tout aurait été plus simple. Seulement voilà, il était aussi ce verre de réticence qu'elle rêvait de boire cul sec. Dès qu'elle se retrouvait face à lui, son corps tout entier se désarticulait, tiraillé entre mille et une volontés : ses jambes voulaient fuir, ses bras l'emprisonner, son cerveau abandonner, son coeur résister, ses mains l'effleurer, ses yeux le sonder, sa bouche l'engueuler. De cette cacophonie intérieure elle ne tirait rien d'autre qu'une conclusion simpliste : elle avait beau avoir évolué dans une congrégation religieuse aux moeurs plus que douteuses, elle n'était pas folle. Elle ne rêvait pas d'être la Bella des temps modernes – de toute façon ce serait impossible puisque Nellie a plus de deux expressions faciales à son actif, elle –, ni même de se faire mordre, tenant à la vie plus qu'à autre chose. Mais elle le voulait, comme une gamine veut son cadeau de Noël, l'attendait comme un sportif attend sa médaille. Avec une détermination patiente. Elle le voulait et elle l'aurait. C'était mathématique. Pourtant elle savait qu'elle ne devait pas franchir la limite. Qu'elle risquait gros. Qu'il la viderait probablement de son sang en deux temps trois mouvements. Mais elle le voulait quand même. C'était en elle. Et l'envie faisait vibrer les cordes de sa peau.

Du coup, lorsqu'elle se retourna vers lui alors qu'il la mettait en garde, elle ne put s'empêcher de sourire. De gratitude. Un sourire triste mais reconnaissant, elle aurait voulu lui dire merci. Merci car bien qu'il écorche son âme, son refus de proximité, hautement raisonnable, lui sauvait la vie. Une fois de plus.


« Dorian ? » reprit-elle subitement, quelque peu étonnée par l'irruption de ce prénom dans la conversation. Elle avança dans sa direction, doucement mais sûrement, et s'arrêta pile au niveau de la porte, respectant son espace vital. Elle était tenace mais pas idiote. Un pas de plus et il disparaitrait aussi vite que les fois précédentes. « Evidemment, c'est mon meilleur ami ! » Elle croisa les bras, la moue pensive, essayant de passer en revue les quelques années passées en la compagnie de l'Ukrainien et ne voyant qu'une seule chose susceptible d'alarmer le vampire. « Mais je t'arrête tout de suite, tu fais erreur. Enfin, je sais que c'est un vampire, il me la dit il y a des années et crois-moi, il n'est vraiment pas dangereux. »

Bien au contraire, la possessivité de Pavlosky lui avait évité bien des ennuis. Aucun homme dans un rayon de moins d'un mètre. Ni de filles d'ailleurs, non pas que le physique de Dorian les rebute – loin de là – mais plutôt que son caractère soit facilement détestable pour qui n'est pas né Sundberg. Elle avait toujours laissé faire, s'en amusant plus qu'autre chose, car sa présence valait plus que n'importe quelle autre, si ce n'est bien sûr celle de lame soeur qui se tenait juste devant elle et dont chaque mot se trouvait comme investi d'un mini-poignard. Si son but était de lui montrer qu'il savait manier le couteau, et qu'elle était le coeur de la cible, alors la mission était accomplie. Mais quand même, pourquoi ne pas avoir choisi les fléchettes ?

[Sur ce, je vais me cacher ]
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyLun 28 Déc - 16:50

    Si Uriel lui tenait souvent de long discours muet, lui intimant doucement de se reprendre d'un regard, lui chuchotant de toute son âme des berceuses lors de nuits agitées, il n'était qu'une présence fantomatique, le reflet dans un miroir qui disparaît en l'espace d'une seconde, le visage qu'on croit reconnaître dans une foule, le corps qui s'évanouit quand on le frôle. Loin de s'élever dans des sphères intellectuelles, leur relation était restée très primaire, attiré l'un par l'autre de milles manières, incapable de s'unir qu'une quelconque façon, ils vibraient au même rythme. La parole n'avait donc jamais été nécessaire, elle n'aurait été qu'un artifice camouflant ces silences qu'ils avaient tous deux apprit à aimer parce qu'ils permettaient à bien d'autres modes de communication de se mettre en place.
    Résultat d'années d'errance solitaire et de monologues intérieurs, le vampire ne maîtrisait plus l'art de la conversation comme autrefois, il n'avait pas prévu cette situation qui, finalement, s'était imposé à lui comme si sa volonté s'évanouissait soudain lorsqu'il en venait à Nellie. Atrocement mal à l'aise il aurait aimé se raccrocher au regard familier de la jeune femme, à son visage qu'il savait maintenant parfaitement lire. Peut-être avait-elle sentit ce trouble arriver et lui avait-elle tourné le dos dans le seul but de le laisser livré à lui-même dans une tentative de vengeance enfantine. Toutes les hypothèses possibles tournaient dans l'esprit d'Uriel à propos de ce comportement qu'il ne comprenait pas pendant que son regard s'arrimait à la peau de ses bras nus où il crut percevoir un frisson, à sa nuque, au peu de son visage qu'il pouvait apercevoir.

    Elle se retourna et lui adressa un sourire qui lui brisa le cœur, cette bienveillance et surtout cette gratitude insidieuse qu'il savait partout en elle chaque fois qu'il croisait son regard. Ces années d'éloignement forcées n'avaient pas entamé l'attachement de la belle pour la bête. Elle s'avança, baignée dans cette aura enfantine qui ne la quittait presque jamais et il se figea comme une statue de sel. Elle respectait la distance qu'il avait imposé, mais ce n'était pas assez, ça ne l'était jamais, sans la toucher il pouvait frôler du doigt les sensations que cette visite impromptue provoquaient chez elle, son étonnement, ses attentes et ses peurs immédiates, c'était flou, souvent furtif, mais il le sentait à l'intérieur de lui. Elle avait des réserves quant à ce qu'il avançait, il le su avant qu'elle ne l'exprime, mais dans sa phrase, un détail le surpris et le laissa littéralement bouche bée.
    Dorian est un vampire.
    La phrase résonna dans son esprit et il prit le temps d'un long silence pour l'analyser comme si elle recelait d'un sens caché qu'il ne saisissait pas. Ses yeux sondèrent ceux de Nellie, il lui savait la manipulation – et donc le mensonge – facile, mais tout en elle transpirait la sincérité. Le regard du vampire devint plus sombre, se chargeant de reproches, ses traits se durcirent. Comment peut-on être si naïf ? Était-ce au moins humainement possible ? Il décroisa les mains de son dos, ouvrit la bouche et pouffa.

    Un rire bref sortit de sa gorge dans un hoquet improbable dont il fut le premier surprit. Les sourcils en accents circonflexes, les yeux ronds, se couvrant la bouche d'une main, il tenta de retenir ce qui s'annonçait comme le plus gros fou-rire de la décennie.
    « Un vampire ? » N'y tenant plus, il se laissa aller à un rire puissant et profond, mais pourtant assurément communicatif qui brisa sa méfiance et lui rendit un semblant d'humanité. Croisant les bras, l'épaule appuyée contre le chambranle de la porte, un sourire lui étirant les lèvres jusqu'aux oreilles, Uriel se plongea dans le regard de sa protégée, ses propres yeux s'illuminèrent d'un sentiment délicat et fragile comme les ailes d'un papillon. L'espace d'un instant, sa main s'avança doucement, dans un mouvement presque imperceptible pour le commun des mortels, il voulut toucher son visage, caresser sa joue, naturellement, trop naturellement.

    Il se reprit, se redressa, les bras fermement croisés sur sa poitrine.
    « Dorian n'est pas un vampire. » Sa voix était devenue ferme et dure. « Toute créature de l'ombre n'est pas nécessairement un vampire. Tu devrais pouvoir faire la différence, toi qui fréquentes des vampires décolorés et des bars ou les cadavres humains s'entassent dans les coins. » Son propre ton paternaliste le faisait vomir, il ne comprenait pas pourquoi les fréquentations de Nellie l'inquiétaient tant, lui qui avait vu des humains mourir de ses propres yeux sans sourciller et sans faire de pause dans la conversation qu'il tenait avec le meurtrier, lui qui avait juré de ne plus s'attacher à aucun homme ni à aucune femme, il y a de ça bien longtemps.
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyMer 13 Jan - 14:53

Nellie haussa les sourcils, d’abord surprise puis quelque peu interloquée par ce qui lui semblait être non pas une simple brimade, comme à l’accoutumée, mais un véritable affront, à la limite de la raillerie. En une fraction de secondes, l’air devint électrique, ses poumons se chargèrent de cette tension vengeresse, son regard prit la couleur d’une horde de corbeaux, et ses oreilles, aveuglées par leurs croassements impétueux, l’invitèrent furtivement au drame. Uriel méritait le pire, entendez par-là une petite bronzette sous le soleil du désert de Gobi ou bien peut-être 24h coincé dans un ascenseur avec Bella, difficile de dire quel est le pire. Elle mordilla l’intérieur de ses lèvres, aussi discrètement que possible, essayant tant bien que mal de dissimuler cette envie meurtrière en incendiant l’organe qui pourrait par malheur donner chair à ces mots déraisonnables, priant en vain pour qu’il ne lise pas en elle, pour qu’il ne voit pas dans cette rage le fruit d’un orgueil qu’elle traînait derrière elle depuis des années et qui la rendait susceptible au plus haut point. Qu’il sache qu’elle est à fleur de peau. Soit. Difficile de passer à côté de son caractère d’écorchée vive, de toute façon. Mais qu’il comprenne qu’elle est aussi à fleur de mots. Ça non. Il finit par éclater de rire et, sans trop savoir pourquoi, la mâchoire de Nellie, qui était jusque là foutrement vexée, se décontracta en un éclair, laissant échapper à son tour un rire, peut-être par mimétisme, bien qu’il soit plus léger et enfantin, un rire qui aurait dû -sans nul doute- être écrasé par celui d’Uriel, si puissant, si grave, rouillé, en somme, mais qui s’y mêlait étrangement, comme s’ils vibraient à l’unisson, sans que jamais l’un étouffe l’autre.

Les éclats de rire de Nellie s’espacèrent, s’adoucirent peu à peu, sans altérer toutefois le sourire franc, heureux, qui ornait désormais son visage, et qui faisait ressortir ses adorables petites fossettes. Elle sentait ses yeux s’agripper aux siens, s’y plonger comme s’ils étaient deux puits remplis de sang, et rien, absolument rien, ne pouvait égaler ça ; ce n’était ni magique ni extraordinaire, c’était juste vital. Elle se nourrissait ainsi. De cette pudeur assoiffée, de ces moments fugaces qu’un battement de cil suffisait à faire s’envoler, Nellie tirait toute sa force. Petit à petit, elle réalisait que ce n’était pas tant à lui, qu’elle était accro, sinon à leurs tête-à-tête interdits où même le silence se taisait pour écouter leurs murmures muets. Peut-être aimait-elle ce mutisme pour la douceur qu’il induisait. Car s’il lui semblait voir des étincelles de brutalité dans chacune de ses phrases, des éclats d’animosité dans chacune de ses paroles engourdies, lorsque le son de sa voix s’étiolait, il n’en était plus rien. Ne restait alors qu’un semblant d’homme étrangement humain. Peut-être aimait-elle ce mutisme pour le mystère qu’il préservait en son sein. Car si Uriel connaissait sa vie de A à Z, elle en revanche n’avait jamais eu droit au moindre détail ; là encore une part d’elle s’en trouvait frustrée, l’autre rassurée, craignant probablement la réalité de son passé qu’elle imaginait tout sauf pacifique, pire, craignant de l’accepter car elle y verrait alors le renoncement à une part de sa propre humanité. Ce serait comme mettre un pied dans la tombe.

Une légère brise effleura son visage, si furtivement qu’elle n’en prit conscience qu’après coup, lorsque cette presque caresse ne fut plus qu’un souvenir tenace. Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille gauche, délicatement, comme si elle pensait rencontrer à nouveau ce courant d’air, l’esprit ailleurs, visiblement préoccupée, avant que le prénom de son meilleur ami ne l’interpelle à nouveau. Elle se redressa aussitôt et fusilla du regard Uriel - ne lui avait-on jamais appris le respect, de là où il venait ? - jusqu’à ce que l’expression « vampires décolorés » n’échoue dans son cerveau et n'explose. A en croire les secousses intérieures qui s’en suivirent, cette simple phrase suffit à déclencher un séisme de magnitude 7 en elle. Nellie décroisa légèrement les bras, le regard en alerte, ne pouvant croire un seul instant ce qu’elle venait d’entendre, elle voulut répliquer, mais l’air renfrogné du vampire suffit à la conforter et sa moue -jusqu’ici boudeuse- se transforma en un sourire radieux, victorieux, sourire qu’évidemment elle s’empressa aussitôt de dissimuler. En vain. C’était plus fort qu’elle, ses dents voulaient prendre la pause. Et elles avaient choisi de faire d'Uriel le photographe. Alors comme ça, ce soir-là, il était là. Elle savoura l'instant aussi longtemps qu’elle le put mais son cerveau ne lui laissa que peu de répit. Pourquoi ne s’était-il pas montré alors ? L’espionner, la juger, ah ça, il savait faire, même très bien, mais l'affronter... visiblement, non. Chose que Nellie interprétait comme le comble du chasseur (qu'il était). Depuis quand fuient-ils leurs proies potentielles ? Et depuis quand les biches courent-elles après le fusil ? Etaient-ils devenus fous, tous les deux, fous au point de vivre dans un monde à l'envers sans se poser la moindre question ?


« Je n’y suis allée qu’une seule fois, ça ne fait pas de moi une experte » rétorqua-t-elle sur un ton qui se voulait sec mais qui n’en avait pas l’allure, son regard mutin semblant vociférer quelque chose comme ‘si-tu-te-montrais-plus-souvent-je-n’aurais-pas-besoin-d’aller-sur-le-terrain-idiot-bête’.

Elle s’éloigna de la porte, prise d’une soudaine envie de le claquer. Elle était peut-être naïve. Mais bon sang, ce qu'il pouvait être goujat!


« Alors laisse-moi deviner. Dorian est un loup-garou ? Un extraterrestre ? Un gremlin ? » lança-t-elle avec une ironie certaine, alors qu’elle grimpait à nouveau sur le tabouret pour finir la tâche qu’il avait interrompu, ne prenant pas le moins du monde au sérieux cette information. « Peu m’importe ce qu’il est tant qu’il ne me fait pas de mal. Et quoi qu'il ait fait ou soit capable de faire, ce sera sûrement moins douloureux que ce que toi tu m’infliges depuis toutes ces années. »

Elle voulait juste inverser les rôles, ne serait-ce qu'une fois, pour qu’il comprenne ce que c’est que d’être le cœur de la cible. Mais il semblait toujours si détaché de tout qu'elle mettait peu d'espoir dans cette phrase.
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyDim 24 Jan - 23:04

    Son instinct lui avait toujours intimé de se tenir à distance des personnes dont la douceur transpirait par les pores de leurs peaux, surtout si ces personnes étaient des femmes. D'un regard il les savait capable d'engourdir la plus tenace des méfiances, d'un sourire elles pouvaient rendre le plus solide des soldats aussi faible et nu qu'au jour de sa naissance. Vous enveloppant dans une mer de coton, elles vous font chérir chacun des moments passés en leur compagnie, jusqu'à ce que cette bouche que vous aimiez tant se mette à vomir des serpents.
    Uriel recula d'un pas et chancela un instant sous le choc de la vague de sensations et d'images qui venaient de le frapper violemment, le sourire carnassier de Tristan, un carnet plein de notes, un nom qu'une voix féminine ne cessait de répéter, la température glaciale de la boite, un verre se brisant et le visage de Nellie, tout près de lui l'appelant encore et encore.
    A défaut de pouvoir y mettre des mots c'était par un tout autre canal qu'elle avait réussi à lui envoyer sa colère en plein visage. Uriel ne croyait pas que ce fut totalement inconscient, il la pensait tout à fait capable de faire vibrer à volonté ce cordon qui les unissaient, elle ne le faisait que rarement, sans doute par peur que son protecteur redevienne prédateur, mais lorsqu'elle s'amusait à pincer cette corde, c'était toujours pour le faire souffrir, d'une façon ou d'une autre, lui qui n'était plus censé ressentir quoi que ce soit.

    Comme paralysé par le venin qu'elle venait de cracher, Uriel resta parfaitement immobile pendant qu'elle fit volt-face pour retourner se percher sur son tabouret. Ce serait si facile de lui briser la nuque, ou la colonne vertébrale. D'une seule main en serrant un peu les doigts, juste un peu. Ce serait rapide. Efficace. Elle ne se rendrait compte de rien, il n'aurait même pas à la regarder. Puisqu'elle lui offrait son dos pour la deuxième fois de la soirée, pourquoi ne pas en profiter ? S'ils se détestaient tant, si elle mettait sa vie en danger simplement pour l'apercevoir, alors pourquoi ne pas lui donner ce qu'elle finirait par recevoir et mettre fin à cette danse qu'ils haïssaient à force de la pratiquer.

    Il ne releva la tête qu'à la fin de sa dernière phrase, le teint plus cireux et les cernes plus sombres qu'à l'accoutumé. Il claqua la porte d'un mouvement du pied et se précipita sur Nellie. Elle se retrouva à deux mètres de son tabouret chérie en moins d'une seconde, Uriel la plaqua contre le mur, lui tenant fermement les bras juste au-dessus des coudes. Il fulminait, ses narines se dilataient convulsivement pour accueillir les valises d'air qu'il inspirait instinctivement, son regard était agité par la tempête qui se déroulait sous son crâne et ses mâchoire si serrée qu'il eu de la peine à les dessouder pour articuler ces quelques mots :
    « Tu parles de douleur, mais sais-tu au moins ce qu'est la douleur ? » Son ton mielleux contrastait étrangement avec son attitude. Il resserra un peu l'étreinte de ses doigts avant d'ajouter :
    « Tu as vécu une existence paisible jusqu'à présent, d'après mes critères du moins. Assez paisible pour n'avoir en tête que me torturer, m'appeler chaque jour, me tenter chaque nuit, me forcer à me montrer en posant gentiment ta nuque entre les mâchoires du loup. Crois-tu réellement que c'est ce que je veux ? Ça ? » Il la lâcha et écarta les bras dans un mouvement circulaire pour désigner cette scène surréaliste pendant qu'il reculait doucement. « Hum ? » Il pencha la tête sur le côté et ses yeux s'accrochèrent encore à ceux de Nellie. « REPONDS MOI ! » Il avait hurlé sans le vouloir, et c'est presque malgré lui que ses pas le rapprochèrent encore une fois de la jeune femme, il transpirait littéralement de la rage qui n'allait pas tarder à s'abattre sur Nellie, il ouvrit la bouche, près à exploser quand un son attira son attention. Il n'eut pas le temps de se retourner que plusieurs coups secs frappèrent la porte d'entrée, rapidement suivie d'une voix féminine :
    « Mademoiselle Sundberg ? Est-ce que tout va bien ? Je rentrais de chez ma soeur quand j'ai entendu du bruit venant de chez vous. Un sacré bazar ! Mademoiselle Sundberg ? Si vous ne répondez pas je vais entrer ! »
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyDim 31 Jan - 15:41

La porte claqua comme la plupart des gifles auxquelles on ne s’attend pas : violemment. Nellie repensa un court instant à ce courant d’air furtif qui l’avait effleuré quelques minutes plus tôt et qui pourrait être, somme toute, à l’origine de cet incompréhensible fracas mais elle fut littéralement propulsée contre le mur du salon avant même d’avoir pu se retourner pour en vérifier l’origine. Elle rouvrit immédiatement les yeux que la surprise avait clos le temps du voyage et fusilla du regard son agresseur qui, comble de tout, lui était plus que familier. Comment diable cet espèce de rustre avait-il pu oser lui faire une chose pareille ? Il la trahissait en piétinant ainsi ce masque de protecteur qu’il avait pourtant porté - plus qu’assumé, certes - durant des années ; plus encore, il semblait avoir oublié que pendant plus de 20 ans il s’était battu contre vents et marées mais aussi et surtout contre lui-même et ce que sa nature lui dictait pour qu’elle n’ait jamais la moindre égratignure. S’il cherchait à lui montrer l’absence de toute logique dans cet univers, alors Nellie ne pouvait que s’incliner, c’était parfaitement réussi. Finalement ce n’était pas tant le monde, qu’elle avait pris l’habitude de qualifier « d’à l’envers » qui perdait tout son sens, que l’homme en lui-même, qui se vidait de sa propre substance sous ses yeux.

La déception de Sundberg laissa place à la douleur que le choc de la collision avait provoqué, une douleur lancinante que la confusion générale avait jusque là réussi à anesthésier. Elle grimaça légèrement, sentant ses bras étouffer, broyés par les mains enragées du vampire et son dos s’engourdir lentement mais sûrement. Si à cet instant précis sa colonne vertébrale avait été une chanteuse, nul doute qu’SOS d’un terrien en détresse aurait retenti dans toute la pièce. Parenthèse cocasse à part, jamais personne ne l’avait empoigné aussi durement, pas même au Canada, durant les soldes, où les magasins se transforment pourtant en rings de boxe - c’est à qui aura le pull marine avec col en V en premier - et surtout, jamais elle ne l’avait vu comme ça. Il ressemblait aux fous furieux qui avaient voulu la tuer il y a des années de ça, il en était la réplique exacte, c’en devenait troublant, et pourtant elle ne pouvait se résoudre à l’évidence, cherchant - en vain - une once de compassion dans ce regard qu’elle ne connaissait que trop peu mais où elle avait parfois vu - cru voir ? - une lueur d’humanité. Ce ne fut que lorsqu’il se mit à parler qu’elle réalisa qu’elle était coincée entre deux murs et que rien de ce qu’elle pourrait dire ou faire n’y changerait quelque chose. Elle n’avait pas seulement mis la bête hors d’elle-même, elle l’avait sorti de sa cage.

Nellie reçut ses remarques comme deux énormes mollards en pleine tête soit très mal. Elle avait toujours pensé - très égoïstement - être la seule à souffrir de cette situation ou, du moins, sous-estimé son attache, de sorte qu’elle le pensait tout bonnement incapable de voir en elle autre chose qu’une petite chieuse sans cervelle. Le fait qu’il lui crache sa colère, et que celle-ci soit empreinte d’une indéniable souffrance changeait évidemment la donne. Ce qui auparavant n’était qu’intuition devenait subitement certitude. Elle le tenait réellement, de la manière la plus abominable qui soit certes, mais elle le tenait, ce drôle d’ascendant qu’il avait toujours eu sur elle s’avérait donc - plus de doute possible - réciproque. Baudelaire aurait sûrement applaudi la scène, voyant en eux la réalisation concrète de son plus cher poème, l’Héautontimorouménos, mais Nellie elle ne pensait qu’à s’effondrer tant les paroles du vampire transpiraient l’aigreur, tant l’odeur qui s’en dégageait puait la haine. Elle massa légèrement son bras gauche, visiblement endolori et ne put réprimer un sursaut lorsqu’il haussa la voix. Elle baissa aussitôt les yeux, comme une poupée brisée, consciente que la seule chose qui pourrait sortir d’elle désormais, ce serait des larmes ou des sanglots (et refusant catégoriquement que pareille horreur ne survienne devant lui). L’intervention de la voisine tomba donc à pic.


« Non non » répliqua-t-elle aussitôt, la voix encore légèrement enrouée par la peur. « Tout va très bien. Je… » Elle posa les yeux sur lui cherchant une idée, n’importe quoi. « …répète une scène avec un ami. » Elle déglutit. « Pour mon cours de théâtre. » Il n’y avait pas de théâtre à Saint-Bel mais qu’importe, sa voisine l’avait toujours prise pour une junkie satanique, 1/ parce que Nellie se comporte toujours bizarrement, 2/ parce qu’elle a de longs cheveux noirs, 3/ parce qu’elle a des clous chez elle (non, la voisine n'a pas pensé un seul instant que les clous pouvaient servir à bricoler un meuble, pour elle, c'est forcément un cerceuil), elle n’accorderait donc pas la moindre attention à cette aberration. Comme il n’y eut aucune réponse, Nellie reporta son attention sur Uriel qui n’avait pas l’air inquiet, signe que la voisine s’était bel et bien éloignée. « Dis-moi ce que tu veux alors » lança-t-elle subitement, comme pour lui montrer qu’elle avait bien pris connaissance de ses précédentes remarques. « C’est bien ce que je pensais. Tu prétends que tu ne veux pas de tout ça mais tu ne sais même pas ce que tu veux ! Et c’est ça qui te rend fou. Je n’ai peut-être pas fait d’études mais je sais voir du tourment là où il y en a » conclut-elle en posant son index sur son cœur d’un air plus qu’entendu. Mais elle se ravisa aussitôt : le toucher revenait à se prendre une décharge électrique, enfin, en plus plaisant. « Oublie ça. Parle-moi plutôt de Dorian. Après tout, c’est pour ça que tu es venu. Si ce n’est pas un vampire alors… c’est quoi ? Et pourquoi il m’aurait menti ? »
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyDim 21 Fév - 19:36

    A une distance raisonnable de Nellie, les mains croisées dans le dos, le visage baissé, il semblait parfaitement détendu, si l'intervention de cette femme un peu trop curieuse l'avait surprit, elle avait eu l'avantage de vider son esprit de la rage qui le possédait peu de temps auparavant. Il n'en restait qu'un goût amer dans le fond de la gorge et un sentiment de fragilité. Il était grand, possédait la force de plusieurs hommes, il avait vécu bien plus longtemps que le plus âgé des humains, il en avait souvent vu le supplier de les laisser vivre ou de les tuer, il était fort, tenant le mince fil de leur vie entre ses doigts, étendant son ombre sur leurs corps recroquevillés. Aujourd'hui il n'était plus qu'un enfant, un animal de compagnie, elle le tenait à la gorge, oubliant la pudeur qui enveloppait leurs échanges depuis toujours il avait étalé ses faiblesses, il lui avait volontairement donné la laisse qui pendait au bout de son collier.
    Une fois la voisine partie sans un mot, il sentit le regard de Nellie s'appesantir sur lui, il ne releva pas les yeux, attendant le deuxième round, qu'allait-elle trouvé, dans quelle partie de son corps allait-elle planter le prochain couteau. L'index de son bourreau se posa au niveau de son cœur, ce fut le moment qu'il choisit pour lever le regard et le trouble qu'il pu discerner dans les yeux et l'attitude de la jeune femme s'avéra bien plus jouissif que le contact de sa main.

    Comme toutes ces choses qu'on ignore superbement en espérant qu'elles disparaissent par la magie du saint-esprit, comme du sang dans les urines, comme une masse suspecte à l'abdomen, une angoisse silencieuse, en sous-titre ; Dorian revint sur le tapis, rappelant soudain au vampire la raison première de sa visite. Il fallait en parler pour crever l'abcès parce que non, il n'était pas venu pour la compagnie de Nellie, ni même pour poser ses mains sur son corps et ses dents dans son cou et encore moins pour la brutaliser et laisser des bleus sur ses bras. Il s'avança doucement et s'assit sur le canapé, loin de s'y affaler il n'y posa que le bout des fesses, clairement mal à l'aise - à croire que c'était le thème de cette petite soirée. Faisant tourner l'anneau qui cerclait son majeur gauche, il fit l'effort de parler d'une voix posée et claire. « J'ai... Enquêté, ne crois pas que je sors tout ça de mon chapeau ou que j'agis par jalousie ou, ou quoi que ce soit d'autre, Dorian est mauvais, je ne l'ai pas sentis tout de suite, mais maintenant les choses me paraissent claires, il ne faut plus que tu le revois et ce n'est que dans ton intérêt que je dis ça. » Il prit un instant, guettant les réactions de Nellie. « Je ne sais pas ce qu'il est, mais il n'est pas humain, ni vampire d'ailleurs, c'est une créature que je n'ai jamais rencontrée, je ne sais pas de quels pouvoir elle dispose exactement, mais je connais son but. Elle ne vie que pour contenter son maître, son Dieu - c'est ainsi qu'il l'appelle. »

    Il se leva, fit quelques pas dans la pièce, s'attarda sur le rideau et la tringle qui pendaient lamentablement au-dessus de la fenêtre, hésitant un instant il ramassa le tabouret et y grimpa, passant les arceaux sur la tringle il reprit la parole comme si l'absurdité de son geste ne l'avait pas effleuré : « J'ai cherché, il n'y a pas beaucoup d'écrits sur ces créatures et la majorité date de si longtemps qu'il est difficile de discerner la vérité de ce qui a été brodé autour pour faire fantasmer les foules. ». Il jeta un regard satisfait sur la chose la plus futile qu'il avait accompli en plusieurs siècles, il sauta du tabouret et s'avança vers son hôte.
    « Toutes ces légendes ont un point commun, elles soutiennent que le meurtre est la seule façon pour ces créatures de s'attirer les faveurs de leur Dieu. Ce qui est étrange c'est qu'elle ne tue pas de la façon dont on s'y attendrait, elles ne se contentent pas de pousser un humain sous une voiture ou de lui trancher la gorge. Elles... » Il hésita, chercha ces mots « Elles poussent les humains à s'enlever la vie par eux-même, à se suicider, j'imagine que la manière dont ces hommes et ces femmes mettent fin à leurs jours n'a pas d'importance, aucun des textes que j'ai pu lire ne s'accorde sur ce sujet. »

    Il s'avança un peu plus vers Nellie, il ne devait plus être qu'à une trentaine de centimètre d'elle, il tendit la main et ouvrit la main sous son menton, découvrant ce qu'il cachait. Dans sa paume se trouvait un des arceaux du rideau, brisé et tordu. Il prit le poignet de la jeune femme, chaque point de contact le brûlait, tout son corps ne voulait que s'enfuir, il déposa l'arceau dans la main de Nellie, comme un cadeau de paix, comme pour lui faire comprendre que le remord le rongeait, qu'il ne voulait pas ce qui s'était passé un peu plus tôt. Il la lâcha brusquement et s'éloigna, troublé.
    « Tu dois me croire Nellie, tu sais que je ne fais jamais irruption dans ta vie sans raison ».
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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptyDim 25 Avr - 10:35

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ils avaient bel et bien une discussion et, comme toutes les premières fois, angoisse et hésitation étaient on ne peut plus palpables : Uriel osait à peine coloniser le canapé, quant à Nellie, son embarras transparaissait sensiblement dans sa voix, un brin chevrotante. Il y avait en réalité quelque chose de primitif chez lui qui la déstabilisait complètement ; ce n'était pas tant cette différence d'âge, qu'elle imaginait conséquente certes mais qui ne signifiait rien à ses yeux, que cette aura mystique, quasi implacable, qui lui donnait l'impression de côtoyer un homme sacré ce qui, évidemment, ne facilitait guère leurs échanges. Devait-elle faire ci, lui donner ça, mettre sa main là, pousser ce truc, cacher cet autre, dire ça, ou plutôt ça ? Elle avait parfois la nette impression qu'un marché se déployait dans son cerveau et, entre les élucubrations des clients et les apostrophes du poissonnier – prière de ne pas me contredire, c'est toujours le poissonnier qui hurle le plus –, mille et une questions foisonnaient dans sa tête. Fort heureusement pour elle, passer du coq à l'âne ne le dérangeait visiblement pas, elle pouvait donc changer de sujet à son aise et occulter momentanément ces interrogations sans queue ni tête. A l'image de leur vie, leurs conversations n'avaient jamais eu de fil conducteur, encore moins de quelconque cohérence. Uriel et Nellie voguaient tous deux sur une mer de mots, sans boussole ni voile, n'ayant pour seul repère que l'autre.

Elle l'écouta donc attentivement lorsqu'il se lança dans une explication tout sauf rationnelle qui, de ce fait, nécessitait d'autant plus sa concentration. Elle avait déjà entendu bon nombre extravagances dans sa vie – elle avait grandi dans une secte, difficile de faire mieux que ces gens-là – mais ce qu'il était en train de lui dire, et dont elle ne retenait que « Dorian-créature-mauvais-Dieu » dépassait son entendement. Bien que plutôt sceptique au départ, l'inquiétude manifeste d'Uriel avait achevé de la convaincre. Qui plus est, elle ne l'avait jamais vu aussi nerveux ce qui ne faisait que la conforter dans l'idée que toutes ces fantasmagories étaient réelles. Etait-il seulement possible qu'elle se soit faite manipuler par son meilleur ami pendant toutes ces années ? Que tout ait été prémédité dans son dos et qu'elle n'ait absolument rien vu ? Subitement, elle se sentit fébrile et profita du fait qu'il était dos à elle, en train de réajuster – à la surprise générale – son lamentable rideau pour s'appuyer discrètement contre le meuble le plus proche. Elle n'avait jamais appris à gérer ses émotions et pour cause, elle avait passé son enfance à s'y refuser, voyant dans la passion une révolte suffisante contre la raison. Mais maintenant qu'elle sentait ses jambes l'abandonner autant que la confiance qu'elle avait placé en Dorian, elle regrettait de ne pas avoir suivi sagement les enseignements de son gourou. Ça lui aurait empêché d'éprouver cette ignoble sentiment qu'on appelle « déception ».

Elle se redressa aussitôt lorsqu'il s'approcha d'elle, comme un lapin qui aurait perçu la menace mais qui, se sachant condamné, ne chercherait plus la moindre échappatoire, affrontant la mort en face. La bouche légèrement entrouverte, elle fixa les arceaux qu'il venait de dévoiler sous ses yeux avant de les déposer solennellement dans sa main. Elle recueillit les morceaux avec un certain embarras, comprenant son geste mais ne sachant comment y répondre dignement. Derrière sa brutalité se dissimulait paradoxalement une douceur inouïe, qui transparaissait de temps à autre, dans des moments rares comme celui-ci, et à chaque fois, elle s'en voulait de voir dans ses actes la caresse d'une plume car elle perdait de vue ses dangereuses canines. Elle s'en voulait d'avoir confiance en lui plus qu'en n'importe quel être humain mais s'y était résolue il y a bien longtemps.


« Je te crois » lança t-elle subitement en relevant la tête, rompant ainsi le silence qui s'était installé entre eux. « J'ai juste du mal à... ingérer tout ça. Ce que tu me dis bouscule mes propres croyances, enfin ex-croyances » se ravisa t-elle aussitôt. « Quel sorte de Dieu peut bien exiger la mort comme cadeau ? C'est contre-nature. Enfin, quoiqu'il en soit, Dorian sait que je suis une battante. Le suicide... » Elle se stoppa immédiatement, se remémorant cette fois où elle avait failli se jeter sous les rails d'un métro ou toutes ces fois où elle avait cherché la mort en espérant l'apercevoir, se trouvant subitement bien ridicule. Dans sa tête toutefois, ce n'était pas une tentative de suicide mais d'amour, aussi glauque soit-elle. « Je vais lui en parler » conclut-elle l'air déterminé, signe qu'elle ne reviendrait pas sur sa décision. Elle devait en avoir le cœur net, il fallait qu'elle sache, qu'elle soit sûre et avait déjà dans l'idée d'utiliser ses pouvoirs, qui pour une fois lui seraient d'une grande utilité, sans envisager le moins du monde qu'ils puissent n'avoir absolument aucun effet sur Dorian.

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MessageSujet: Re: The man with the child in his eyes (R.)   The man with the child in his eyes (R.) EmptySam 19 Juin - 20:58

    « Contre nature ? » Il sourit comme on le fait devant la naïveté d’un enfant, avec tendresse. « Les hommes ont idolâtrés bien des Dieux aux fils des siècles. Les religions modernes n’exigent pas de sacrifice, mais celles des temps anciens si. Pour ne citer que l’exemple le plus connu, les aztèques procédaient régulièrement à des sacrifices rituels dans le but de satisfaire leur Dieu soleil. ». Bien que ce soit déplacé, Uriel ressentait une certaine fierté à partager ses connaissances, même si au fond il savait que Nellie était au courant des sacrifices perpétrés au nom des religions dans le passé, elle refusait d’y penser, se conformant à sa propre vision du sacré et de ce qui doit être fait pour honorer un Dieu. Elle avait sans doute – comme beaucoup d’être humain – un champ de vision réduit. Ce qu’elle savait devenait un fait établi, pour preuve, elle comptait confronter l’homme qui essayait de la tuer, parce qu’elle ne l’avait jamais craint, elle s’imaginait probablement une discussion paisible avec celui qui avait été son ami.
    « Tu sais que tu cours à ta perte, pourquoi veux-tu lui parler ? En souvenir du bon vieux temps quand il essayait simplement d’avoir ta confiance et pas encore de te tuer ? N’as-tu pas peur qu’il tente justement de précipiter les choses ? ». Il n’avait pas bougé, toujours à la même distance d’elle, les mains dans les poches d’un air détendu, il n’y avait plus de colère, ni de peur sur son visage seulement un air vaguement résigné. Il connaissait la jeune femme et savait qu’il avait déjà beaucoup avancé, elle n’avait pas rejeté ses accusations en bloc, elle y avait même prêté une oreille attentive. Qu’elle veuille absolument parler à son futur meurtrier ne l’avait pas vraiment choqué, il protestait pour la même raison qui le poussait à sortir de l’ombre pour l’empêcher de se jeter sous un train.

    « Je ne pourrais peut-être pas te protéger tu sais. Je ne sais pas ce qu’est réellement Dorian, ce dont il est capable, comment il pourrait réagir. Peut-être qu’après tout c’est la mort que tu cherches, que tu attends depuis tout ce temps, peut-être que je n’ai été qu’un obstacle entre toi et elle. Si c’est la mort que tu veux, je peux te la donner et d’une façon autrement plus paisible que Dorian ou quelque-soit son nom ». Toujours la même expression sur son visage, il ne s’en voulait pas de lui avoir évité la mort et la perspective de la lui donner ne le plongeait pas dans des abîmes de souffrance. Une ultime preuve d’amour, une façon de les libérer tous les deux. Peut-être même s’offrirait-il au soleil ensuite. Ce serait mentir de dire qu’il n’y avait jamais pensé.

    Néanmoins, il n’espérait pas de réponse et ne donna pas à Nellie le temps de lui en donner une. « Ça fait un an, jour pour jour. ». et il s’approcha d’elle, tout près, presque assez près pour que leurs corps se touchent, repoussant une mèche de cheveux, il approcha son visage de l’oreille de la jeune femme et murmura quelques phrases. Il s’attarda un instant, fasciné par le pouls affolé qu’il percevait sous la peau fine de sa gorge puis disparu.
    La porte s’ouvrit dans un fracas, il s’arrêta au pied des marches qui menaient au patio, il eut la tentation de se retourner, peut-être de lui dire au-revoir, de lui faire un signe, mais il se contenta de filer dans la nuit. C’était sans doute mieux ainsi. Cette nuit l’avait bouleversé, bien plus qu’il ne l’admettra jamais et s'il craignait pour la vie de Nellie maintenant plus que jamais, il avait emmagasiné assez de souvenir et de sensation pour nourrir son obsession jusqu’à la fin des temps. Le tempo de son cœur, sa voix, son odeur, le toucher de ses cheveux, de sa peau.
    Il se souviendrait de sa propre voix quand il avait murmuré ce poème à son oreille comme un témoignage de sa fidélité, l’aveu de sa faiblesse.

    Ainsi, ce chemin de nuage,
    Vous ne le prendrez point,
    D’où j’ai vu me sourire au loin
    Votre brillant mirage ?

    Le soir d’or sur les étangs bleus
    D’une étrange savane,
    Où pleut la fleur de frangipane,
    N’éblouira vos yeux ;

    Ni les feux de la luciole
    Dans cette épaisse nuit
    Que tout à coup perce l’ennui
    D’un tigre qui miaule.



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